Un condensé de liberté
Lors de mon voyage autour d’Europe, j’ai croisé énormément de voyageurs à vélo. On les appelle plutôt bikepackers. Un nom un peu plus sexy et moderne que cyclotouristes. C’est un peu comme les campings-caristes et les van-lifers, les 2 font à peu près la même chose même si un des 2 est plus instagrammables que l’autre.
Le bike packing reflète pour moi une des facettes de la liberté. Le vélo seul me donne déjà cette sensation de liberté, mais en y ajoutant la possibilité de voyager sur plusieurs jours voire semaines, cette liberté prend une autre dimension.
J’ai eu notamment l’occasion de rencontrer la famille Polomé (les polos à vélos). Une famille avec 4 enfants de 9 à 15ans sur les routes d’Europe à vélo. Nous faisions le même trajet qu’eux avec notre camping-car (Alphonse). C’est en échangeant avec eux lors d’une soirée, que Laurent, le papa, m’a expliqué le choix de ce mode de voyage. A vélo, tout le monde participe. Impossible de glander à l’arrière d’un véhicule, si on veut avancer pas le choix, il faut pédaler.

Trop de choix tue le choix

C’est décidé, je vais voyager à vélo! Mais comment me lancer, où partir? Un océan de possibilité s’offre à moi. Je commence par me renseigner sur le net. Je rejoins plusieurs groupes Facebook de Bikepackers. Leur projet m’inspire et me refroidit en même temps. Une grande majorité prévoit des voyages au long court sur plusieurs mois voire plusieurs années. Ca me plait, ça me donne envie mais comme je reviens d’un long voyage, le timing n’est pas idéal.
Est-il possible de faire du bikepacking en mode express sur un week-end? Je me renseigne sur les épreuves existantes et je me trouve rapidement face à des évènements exigeants pour des raids ultra longues distances. Des centaines de km à faire en des temps records. Je n’ai pas vraiment l’entrainement pour y arriver à ce stade.
Je continue mes recherches, et je tombe sur d’autres épreuves de masses ultra encadrées. On roule avec des centaines d’autres personnes et les bivouacs prévus sont en réalité de mini-villages ultra confortables.
Les organisateurs ont bien compris l’engouement actuel pour les épreuves de gravel et de bike packing. Les prix s’envolent. On peut même se poser la question du sens… Au final qu’est-ce que le gravel, ou le bike packing, et que recherche-t-on? On abordera le sujet dans un autre article.
Se recentrer sur l'essentiel
Quelles sont mes réelles motivations à faire un séjour bike packing? Qu’est-ce que je recherche au final?
Ces questions ont trottés dans ma tête un bon bout de temps.
Je me suis tout d’abord dit que c’est l’occasion de sortir de ma zone de confort. De tester mes limites en terme de kilométrage et de confort. Le bike packing me fait rêver de la liberté qu’il représente.
Ensuite, je voulais m’offrir une parenthèse hors du temps sans contrainte pour juste avoir le temps de prendre le temps. Dans nos vies modernes rythmées par des injonctions de plus en plus présentes, il est parfois utile et salvateur de faire un pas de côté et d’observer si la direction qu’on prend est toujours la bonne.
A quoi servent les expériences si elles ne sont pas partagées. Ca ressemble à une citation et s’en est peut-être bien une. Moi, ce que j’aime dans le vélo c’est partager des expériences avec d’autres personnes. Par exemple, après une belle descente enduro, j’aime en discuter avec les amis avec qui je me suis tiré la bourre: « T’as vu le passage sur la dalle » « Oui c’était fou, j’étais limite limite là ». Ces échanges nous rapprochent et permettent de nous ancrer l’instant présent. Etre accompagné est aussi gage de sécurité en cas de chute et gage de soutien en cas de problème technique.
C‘est décidé, je partirai accompagné. Je pense immédiatement à mon cousin que je considère plus comme mon frère depuis de nombreuses années. Nous adorons discuter, refaire le monde, philosopher, picoler et déconner ensemble. Dans nos vies trépidantes de père de famille nombreuses, nous avons de moins en moins le temps de discuter sans interruption de notre chère progéniture. De plus, il a de l’expérience, il vient de passer une semaine sous la pluie à visiter les châteaux de la Loire avec ses 4 enfants. Je lui soumets l’idée et il est immédiatement enchanté. Il ne reste qu’à trouver une date et un lieu.



Où partir?
Nous trouvons relativement rapidement une date qui nous convient: le 2e weekend de juin. Nous nous rendrons compte un peu plus tard, qu’il s’agit du weekend des élections et de la fête des pères…
Peu importe, la question se pose du où? Où aller? D’où partir?
Nous envisageons d’aller jusqu’en Zélande, le kilométrage total semble un peu trop élevé pour remplir nos obligations parentales et citoyennes du dimanche. Nous souhaitons démarrer d’une de nos maisons respectives. Peut-être faire une boucle ou partir en ligne droite et revenir en train. Tout est possible.
Un mois avant de partir, j’accueille un groupe d’amies qui se lancent un défi à vélo, elles vont explorer une région proche de chez moi qui semble très jolie. Je découvre ainsi le lac de Rurberg en Allemagne.
Le voilà notre fil conducteur, départ de chez moi (Spa) pour rejoindre le lac de Rurberg et voir un maximum de lac en chemin et s’y baigner si possible.




Le concept est validé avec mon cousin. Il ne reste qu’à tracer l’itinéraire. Je passe quelques soirées sur Komoot à planifier le parcours. Je veux du Gravel, de la piste cyclable, des lacs, des descentes techniques et des beaux points de vue. Après quelques itérations, j’arrive à un résultat qui me semble cohérent: 185km et 2700m de dénivelé, voilà le programme de nos 2 jours, le tout en restant à moins de 50km de la maison.
Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux
Marcel Proust
Eloge de la lenteur


Le vélo est le mode de transport idéal, suffisamment rapide pour se voir avancer et assez lent pour pouvoir observer et découvrir les paysages. Dans les côtes nous sommes bien obligé de prendre notre temps, il faut chaud ce weekend, 1e fois depuis début octobre. Nous voyons des animaux, découvrons des fourmilières géantes, observons les rapaces, admirons les points de vue. Toutes ces choses sont devenues invisibles lorsqu’on se déplace en voiture ou en avion. A vélo ou à pied, elles réapparaissent sous nos yeux.
On est à l’affut de nos sensations, la fraicheur offerte par les arbres en forêt, la chaleur rejetée par l’asphalte. Le bruit de nos pneus sur les graviers, le souffle du vent sur notre visage. Cette période de l’année est propice à la floraison du sureau. Les fleurs et les baies de sureau ont des vertus médicinales et thérapeutiques. L’odeur embaume les chemins agricoles que nous traversons.
Le vélo c’est aussi un moyen merveilleux de rencontrer des gens. Dès notre 1e étape sur une aire de bivouac au bord du lac de la Gileppe, nous rencontrons Aurélie, une jeune voyageuse à vélo qui rejoint l’Autriche au départ de Lille. Un beau trip de plusieurs semaines.
D’autres personnes viennent engager la conversation avec nous. Les sacoches jaunes fluos de mon ami Touffu permettent de nous identifier rapidement comme voyageur à vélo. Un homme nous aborde à proximité du lac de Rurberg, il nous partage ses expérience à vélo et nous explique qu’il organise une course de bateau dragons sur le lac le lendemain. Assez surréaliste.
Notre 2e nuit, nous la passons chez Kristyna et Hendrik grâce à l’application Warmshower. Leur accueil est incroyable. Ils nous reçoivent chez eux en tout simplicité et avec beaucoup d’ouverture. Nous parlons vélos et enfants. Il nous offrent à boire, à manger, une douche et un lit confortable pour la nuit. Sans aucune contrepartie, si ce n’est les échanges que nous avons avec eux. Une belle expérience enrichissante qui nous prouve que l’humain est intrinsèquement bon.
Matos
Que faut-il pour faire du bike packing?
Je ne vais pas dresser une liste exhaustive ici.
Pour faire du bike packing, il faut un bike et du packing 😉
Pas besoin de matériel hi tech pour tenter l’expérience. Le seul point qui me semble important c’est d’avoir les sacoches sur le vélo ce qui permet de se libérer le dos, de moins transpirer et de gagner en confort. Pour le reste, prenez ce que vous avez déjà, empruntez ce qui vous manquer et testez différentes configurations.
Ensuite, tout dépend si vous dormez en tente ou chez l’habitant ou à l’hôtel, si vous partez pour une longue période ou pas, si vous souhaitez être totalement autonome ou pouvoir vous préparer à manger. Il y a autant de configuration que de bike packers.
Pour ma part, j’ai opté pour:
- Une petite sacoche sous la selle avec le matériel de réparation
- Une sacoche à l’avant sur le cintre pour le sac de couchage, coussin et matelas
- Une sacoche sur le top-tube avec téléphone, batterie externe, portefeuille
- Une sacoche sous le tube principal avec une veste de pluie, de la nourriture
- 2 sacoches sur le porte-bagages avec les vêtements, chaussures, bières, nécessaire de toilette…(honnêtement j’avais trop de place dedans)
Ce qu’il faut retenir c’est que déjà avec le matériel que vous avez à votre disposition, vous pouvez tenter l’expérience.
Celui qui le matos le plus léger, le plus nouveau, le plus cher, devra quand même vous attendre pour prendre l’apéro après l’étape du jour.
Au niveau du vélo, j’ai choisi mon vélo de gravel en acier (Sobre Versatile). Ce vélo à l’avantage de rouler facilement sur asphalte et chemin roulant tout en étant capable de prendre des sentiers plus techniques en filtrant les vibrations grâce aux vertus de l’acier.
J’avais un peu peur du poids de ma monture, et au final, avec une dizaine de kg supplémentaires, je n’ai aucunement été gêné par cet embonpoint. Les kilomètres se sont enchainés assez facilement et le vélo était assez équilibré avec un centre de gravité relativement bas.

Et le prochain?
La liste d’envie est grande.
La Zélande en longeant le canal Albert, un tour des brasseries régionales, le tour de Wallonie, la Campine, la Toscane, la Forêt Noire… A nouveau, les possibilités sont nombreuses. Mieux vaut ne pas trop se poser de questions en attendant le tour parfait et se lancer dès qu’on peut car l’aventure en vaut vraiment la peine, d’autant plus si elle est partagée.
Et vous, quel est votre prochain voyage à vélo?
3 Responses
Superbe résumé de la réelle définition du Bikepacking que se fait la FFBC (ffbc.be)
Pour rappel, cette pratique n’est autre que la remise au goût du jour du célèbre vélo sacoche qui n’était autre que les premiers congés payés de nos aïeux
Prendre le vélo et partir à la (re)découverte des régions proches de chez nous, permet d’apprendre toutes les richesses naturelles que possèdent notre propre environnement.
Pour les personnes avec un minimum de condition sportive souhaitant tenter l’aventure en Wallonie, il existe une opportunité mise en place grâce à une collaboration avec VISITWallonia souhaitant développer le tourisme vélo sportif dans nos superbes provinces
https://visitwallonia.be/fr-be/3/jaime/Activites-sportives/velo-sportif/gravel
Grâce aux traces proposées, vous pourrez encore plus aisément goûter aux plaisirs de cette nouvelle pratique en vogue du « Vélo-Liberté »
Absolument, il y un grand nombre de coins magnifiques dans notre région. La Wallonie est une destination de choix pour les amateurs de vélos nature!!