A l'origine
De tout temps, l’homme a eu besoin de s’orienter sur notre vaste planète bleue. Les hommes primitifs utilisaient les étoiles afin de se guider lors de leurs voyages ou de leurs migrations. Le terme “balise” remonte à 1475 où on le définissait comme un repère en bois renforcé de fer, servant à indiquer les endroits dangereux en mer. Ceci était utilisé pour sécuriser le commerce maritime. Le balisage, qui désigne l’ensemble des balises, est également soumis à des règles (formes et couleurs) afin de communiquer une information sous forme codifiée. L’utilisation des balises a ensuite évolué pour y intégrer d’autres objectifs, notamment un volet touristique qui se développera progressivement à partir de l’avènement des congés payés en 1936 et le début du tourisme de masse.

Le vélo, quant à lui, est apparu au XIXe siècle sous la forme d’une draisienne puis en évoluant progressivement jusqu’à l’apparence qu’on lui connaît aujourd’hui. Ce mode de transport écologique et économique a révolutionné les déplacements de nombreuses personnes. Le VTT voit son origine dans les années 80 en Californie et son succès connaît une véritable explosion ces dernières années notamment avec la crise du Covid qui a poussé de nombreuses personnes à se reconnecter à la nature
Les parcours balisés VTT actuels ont, pour la plupart, été créés il y a plusieurs dizaines d’années. Si l’âge n’est pas un problème en soi, le problème est qu’ils ont été créés sur base des besoins de l’époque qui étaient en ligne avec l’offre vélo de l’époque. Bien trop souvent, les parcours VTT sont aseptisés et un peu fades. Ils empruntent pour la plupart des chemins larges ou des pistes forestières sans grand intérêt technique, touristique ou visuel. Ils ont été conçus avec des outils et des technologies du passé. Toutefois, ils ont permis à de nombreuses personnes de découvrir ce sport merveilleux qu’est le VTT. Leur gros avantage étant de pouvoir rouler sans regarder en permanence une carte et sans se perdre.

Et maintenant?

Aujourd’hui, les vététistes veulent plus, plus vite et plus de qualité. Les évolutions technologiques permettent de rouler des chemins et sentiers bien plus techniques qu’avant. Suspensions, freins, géométrie, pneus, moteur, batterie,… sont des éléments qui ont contribué à faciliter l’accès au sport et à la nature.
Les vététistes recherchent leurs parcours autrement et passent de moins en moins par les organismes touristiques; ils font directement leurs recherches en ligne. Strava, Wikiloc, Alltrails, Sitytrails, Komoot sont les nouvelles plateformes permettant l’échange de belles traces et de beaux parcours (testés et approuvés par la communauté). Les vététistes téléchargent le parcours sur leur GPS ou leur téléphone et suivent les instructions. Au vu de la facilité d’utilisation et de l’accessibilité des traces, ceci pourrait, à terme, rendre obsolète le balisage traditionnel.
Une autre façon de rouler est de participer à des évènements organisés où des vététistes issus de tous horizons partagent leur passion. Que ce soit la balade du dimanche organisée par le club de foot du village ou le méga évènement rassemblant plusieurs milliers de riders, il y en a pour tous les goûts. Ces évènements ont aussi un coût financier qu’il faut accepter. Leur popularité peut parfois également impacter le plaisir de rouler à cause de la sur-fréquentation de certains sentiers.
Evolution et révolution

En Belgique, un nouveau décret régissant le balisage touristique a vu le jour en septembre 2022 . Celui-ci permet de créer des parcours VTT en parfaite harmonie avec les pratiques des vététistes. La trousse à outils législative permet d’affiner les parcours en fonction des nouveaux besoins et donne aussi des lignes directrices pour les parcours en fonction des pratiques. Le balisage officiel VTT se décline maintenant en gravel, VTC, cross country, enduro, descente.
Il est donc possible de revoir l’offre de parcours VTT en la rendant extrêmement qualitative et concurrentielle. Le balisage VTT n’est pas mort et garde même tout son sens puisqu’il offre un confort d’orientation et une certaine sécurité. Les pays anglo-saxons et scandinaves l’ont bien compris puisqu’ils misent massivement sur le développement de parcours permanents de haute qualité. Une fois que les parcours sont créés, une offre complète peut venir s’y greffer : compétition, évènement de masse, cours technique, formation, club,… créant un véritable pôle d’activités gravitant autour du vélo nature. Le confort, le plaisir et la sécurité des pratiquants y sont garantis.
Tout est là, tout est prêt à transformer la Belgique en véritable paradis du vélo nature. Notre petit pays n’a rien à envier aux plus grandes nations. Nos forêts, nos Fagnes sont des pépites qu’il faut protéger et préserver. Certains voudraient en faire un sanctuaire et en interdire l’accès à tout être humain. Je pense que c’est en montrant leur richesse au plus grand nombre et en éduquant les générations futures que l’on pourra mieux appréhender les défis climatiques qui s’annoncent. Il faut maintenant des courageux(se), des porteurs(euses) de projet, des acteurs du tourisme et du sport prêts à agir et à transformer les parcours existants pour en faire de petits bijoux.
Après la révolution technologique, place à la révolution des sentiers!
4 Responses
Le balisage physique restera une bonne chose en soi surtout dans les zones techniques où le regard du pratiquant a tout intérêt à ne pas être fixé sur le… guidon !
Autre point important à tenir en compte, la demande étant de + en + forte, il ne faudra certainement pas diminuer l’offre actuelle mais bien au contraire baliser beaucoup plus de circuits afin d’éviter d’encombrer certains lieux touristiques fortement fréquentés par d’autres activités que le « vélo-liberté »
Absolument d’accord avec ton commentaire. Rien de tel qu’un balisage clair et efficace pour se sentir finalement beaucoup plus libre. Et ça on en aura de plus en plus besoin ;-).
Balisage ou pas il faut en effet revoir l’offre et segmenter (balade VTC-gravel; descente trail center; crosscountry ..) et faire ces parcours par et pour les pratiquants..pas une trace théorique sur carte(!). Cependant le balisage a un coût ..que de beaux parcours annoncés et jamais entretenus (fléchage absent; vandalisé.. ) et qui se perdent au fil des années. Là je dis Oui au GPX (comme le projet 1000bornes de Profondeville) pour pérenniser les traces.
Nos parcours sont vieillissants et les pouvoirs publics commencent à en être conscient. Les trailscenters pilotes (Spa, Remouchamps, Esneux, Bouillon) ont été une réponse au besoin des vététistes ainsi que les 3 projets faisant partie du plan de relance de la Wallonie (Vresse, Baraque Fraiture et Liège). Cependant, il faut plus pour couvrir l’ensemble des pratiques et permettre à tous de s’y retrouver. L’entretien est aussi capital comme tu le mentionnes et à ce niveau il y a encore du travail.
Pour le GPX, il faut qu’il soit qualitatif et ait été validé par l’ensemble des propriétaires et parties prenantes.
Quand il s’agit d’une initiative concertée et professionnelle, c’est évidemment un plus pour les pratiquants, par contre, le partage des traces via différentes applications sans être sûr d’avoir le droit d’emprunter les tracés reste à éviter…